Dans la jungle, terrible jungle...

Publié par totoche sur 5 Mai 2008, 10:19am

Catégories : #rêverie

Ca y est, c’était arrivé : LA FIN DU MONDE

Assis sur une branche de baobab, Momo et Lulu regardaient le serpent vivre ses derniers instants d’agonie.

Boursouflé, bouffi, les yeux injectés de sang, la mâchoire (s’ouvrant pourtant déjà de façon démesurée au naturel) déchirée aux commissures, il dévorait frénétiquement les derniers mètres de son corps.

Momo se rappelait les histoires, presque des légendes, qui avaient bercé son enfance.

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Dire que ce serpent en avait fait rêver tellement avec sa peau argentée et son regard froid, reflet d’une volonté d’acier, d’une volonté de chef qui saurai mener ses troupes sans flancher.

Il avait commencé à se faire reconnaître en sifflant ses conseils à l’oreille des dirrigeants.

Cela avait provoqué quelques remous protestataires et mis le feu aux poudres.

Il avait envoyé ses sbires sur le terrain médiatique. Artistes de cirque confirmés, ils avaient lancé leurs tartes à la crème sur les contradicteurs ainsi apparentés aux clowns.

Enfin, il avait fait son entrée en scène dans un fantastique show d’illusionniste.

De clowns, voilà que, dépouillés de leurs déguisements, ces pauvres ringards apparaissaient sous leur vraie nature : de pauvres petites souris tremblantes et frémissantes au moindre bruit, craignant leurs propres ombres et à fortiori l’idée même d’un changement dans leurs petites vies mesquines.

Il en gobât un ou deux distraitement, puis déclara qu’afin de protéger ses fidèles, enfin, les habitants de ces contrées, il allait dès le lendemain se mordre la queue. Il formerait ainsi un cercle salvateur. Il y aurait de la place pour toutes les bonnes volontés, il y avait veillé en personne. Il avait même donné de sa personne, lui donnant la taille suffisante pour abriter les deux tiers de la planète.

Et les souris ? Elles n’auraient qu’à s’installer dans le tiers qu’il leur laissait si généreusement.

De toutes façons, elles y périraient rapidement faute de ressources ou, s’il en survivait, elles procureraient un agréable garde-manger termina t’il dans un grand éclat de rire qui gagnât rapidement toute la salle alors que de petites bosses saillaient encore le long de son cou.

Les premiers temps furent très durs pour les réfractaires. Les terres qui leur avaient été dévolues étaient semi-désertiques et inhospitalières. De plus, rompant sans vergogne le pacte qu’il avait imposé, le serpent accueillait dans son cercle toutes les petites cités qu’il arrosait d’images idylliques jusqu’à totale hypnose.

Mais, ce que le serpent lui-même n’avait pas prévu arriva.

Sa nature, dont il était si fier, avait une faiblesse : lorsqu’il tenait une proie, il ne l’a lâchait plus !

Ayant pris sa queue en gueule, il avait commencé à l’avaler par habitude et ne parvenait plus a arrêter le processus.

Les premières victimes du rétrécissement du cercle étaient passées inaperçues dans l’euphorie du début.

Ensuite, devant l’inexorabilité de la chose, n’espérant plus en un extérieur viable, d’aucuns avaient choisi la fuite dans l’oubli, les autres avaient entamé une lutte sans merci pour les places du centre de ce cercle maudit.

Aujourd’hui, c’étaient les plus féroces, les vainqueurs qui allaient en finir en même temps que leur idole d’argent.

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« Ils ne rient plus aujourd’hui » dit Lulu.

Manquant de tomber de sa branche, il fut rattrapé de justesse par la cheville par son ami.

« Le beau temps est revenu, les fruits tombent des arbres » s’amusât Momo.

Tous deux se répandirent en un grand éclat de rire libérateur, réveillant gazelles et oiseaux, tournants vers l’horizon leurs regards heureux.